mardi 7 avril 2009

La traction animale moderne

Voilà tout d'abord deux petits films pour rendre compte de ce que donne la traction animale: ...






L'intérêt de la traction animale dans les tunnels est double: on gagne de la place car on supprime les passages de roues de tracteur et on ne rejette plus de particules polluantes avec les gaz d'échappement qui se fixent sur le plastique du tunnel puis qui retombe sur les légumes avec la condensation.


Ah là là, pouvoir se passer de la machine et du pétrole pour retrouver une relation à l'animal dans le travail de la terre...; nous en avions le fantasme et nous avons eu un avant goût très prometteur lors d'un week end de formation organisé par l'association PROMMATA dans le Calvados en Novembre dernier.

L'association PROMMATA
PROMMATA (PROmotion du Materiel Moderne de Traction Animale) est une association qui diffuse et perfectionne les outils de travail du sol en traction animale mis au point par l'ingénieur agronome Jean Nolle dans les années soixante. D'abord conçu pour les paysans n'ayant pas accès à la force motrice pour cultiver la terre (seulement 5% des paysans du monde utilisent des tracteurs, 20% des animaux de traction, les 75% restant travaillent à la main), ces outils se sont révélés très pratiques et très compétitifs pour des systèmes de maraîchage en France.

Le matériel de traction
Il s'agit de la kassine, un porte outils modulable en une ou deux roues, sur lequel viennent se crocheter les différents outils de travail du sol:

Ci joint l'adresse de l'association: http://www.prommata.org/

Pour information, une kass ine avec deux ânes qui se relaient permet de travailler complètement un hectare de terre sur l'année.
Pour s'occuper de plus de surface, il faut deux kassines chacune attelée à un âne qui passent l'une derrière l'autre avec des outils complémentaires (exemple: une qui fait les buttes, l'autre qui passe la sous-soleuse dans les sillons).


Les animaux de trait:

Pour le maraîchage:


-l'âne : il faut des ânes grands et forts (minimum 1.30m au garrot et 300kg), possibilité de travailler en pair pour les travaux difficiles. Il faut 2 ou 3 ânes qui se relaient.

-la mule: beaucoup plus fort que l'âne


- le cheval


- une petite vache


Pour la culture de céréales:


-le cheval


-les boeufs (toujours en pair)


Un âne demande un échauffement de 20 min durant lequel on lui fait tirer des outils légers, après une pose d'1 à 3 minutes on peut attaquer 45 min de travail. Ensuite une pause de 15 min est nécessaire avant de reprendre 1h de travail.


Les avantages agronomiques de la culture sur buttes en traction animale:

Le technique de culture liée aux matériel de traction animale est la culture sur buttes.

D'un point de vue agronomique elle présente de nombreux avantages:


- Le haut de la butte sèche rapidement grâce à la bonne circulation de l'air et à l'exposition qu'il présente au soleil (surtout en hiver et au printemps quand le soleil est bas sur l'horizon la terre se réchauffe plus vite), les plantes cultivées sont ainsi préservées des moisissures et captent mieux l'énergie lumineuse.

- Comme les buttes sont perpendiculaires à la pente, les sillons entre les buttes retiennent l'eau et permettent son infiltration dans la terre. Cette eau est ensuite transmise en permanence aux racines des plantes dans la butte par capillarité. On économise de l'arrosage et on supprime l'érosion.


- On ne laboure plus le sol, c'est à dire qu'on ne détruit plus la vie du sol en inversant la place des microorganismes de surface (aérobies) avec celle des plus profonds (anaérobie). On se contente de travailler la terre avec des outils à dents (canadien, vibroculteur) puis de monter les buttes. Les "mauvaises herbes" compostent ainsi tranquillement dans les buttes, la matière organique est maintenue en surface.

-Gestion facilitée des "mauvaises herbes": les cultures étant sur le haut de la butte, elles souffrent moins de la compétition des autres herbes. Avant la culture, on peut monter les buttes progressivement pour faire un maximum de faux semis. Pendant la culture, on élimine très facilement les "mauvaises herb es" en passant un coup de billonneuse tous les 9 jours, ce qui va projeter de la terre sur la butte et étouffer toutes les herbes et pas les plantes cultivées sur le haut de la butte. On peut ainsi monter progressivement la taille des buttes pour les cultures qui nécessitent un buttage (patates, haricots...)


-On maintient la terre meuble et aérée en supprimant le passage de machines lourdes qui tassent le sol (seuls les pieds de l'animal et de l'homme foulent le champs) et on décompacte les sillons avec la sous-soleuse (sorte de longue pointe) après chaque passage de l'animal.


-On gagne de la place car on supprime les passages de roue de tracteur et d'une année sur l'autre on reconstitue la nouvelle butte sur le sillon de l'année précédente (gestion très précise des rotations).


La traction dans la pratique, avec photos:

Pour pratiquer un peu nous nous sommes rendus dans le Calvados chez Cédric et Stéphanie, qui suite à la formation se lance dans la traction animale sur leur ferme maraîchère.


Voici les étapes de mise en culture d'une prairie:


-en Août ou début Septembre, après un surpâturage de la prairie pour que l'herbe soit bien rase, on destructure le réseau racinaire de la prairie en réalisant plusieurs passages d'outils à dents (canadien et vibroculteur) tous les 9 jours et dans des sens perpendiculaires. Deux ânes attelés en paire ou un cheval son t recommandés pour ce travail. On arrête quand la terre de surface commence à être mélangée avec les végétaux sur 7-8 cm.



-Fin Octobre, on commence à monter les buttes parallèles à la pente avec la billonneuse à disques:
















Quelques photos des buts réalisées chez Cédric et Stéphanie avec Virginie et Sirène sa jument (attelée avec la kassine pour la première fois).



-Après avoir monté les buttes, on repasse dans chaque sillon avec la sous-soleuse (une sorte de lame) pour aérer la terre et permettre à l'eau de s'infiltrer:



Sur la photo Maya (l'anesse) tire la kassine avec la sous soleuse sous un tunnel, l'effort à fournir pour maintenir la kassine droite est minime.



-L'hiver se passe, l'herbe de la prairie se composte naturellement dans les buttes, il n'y a pas d'érosion car les buttes sont perpendiculaires à la pente et l'eau est absorbée par la terre meuble dans les sillons. On monte progressivement les buttes pendant l'hiver quand le sol le permet:



-Au printemps, on casse les buttes avec un outil à dents (le vibroculteur) pour émietter les mottes de terre. On peut épandre du compost bien mûre.



-On remonte une première butte de manière à ce qu'elle soit au niveau d'un ancien sillon, puis on refait toutes les buttes, la billonneuse assure le bon écartement pour que toutes les buttes se situent au niveau d'un ancien sillon.


Avant de planter ou de semer sur les buttes, on passe la herse etrille qui va mettre la crète de la butte à niveau, ce qui permettra par la suite de désherber en passant la herse etrille avec le même réglage.



-On passe la sous soleuse dans les nouveaux sillons pour aérer le sol et permettre l'infiltration de l'eau.

On voit bien qu'avec ce mode de gestion du sol, la butte où se trouveront les légumes sèche rapidement au soleil, évitant ainsi les maladies cryptogamiques et le sillon qui reste frais transmet l'humidité aux racines de la plante par capillarité.






-Il ne reste plus qu'à semer ou repiquer

les légumes: ici Eloïse se colle au semis d'épinards.







-Le désherbage est très rapide, tant que les plantes sont petites, on repasse un coup de billoneuse pour recouvrir la butte d'un peu de terre et ainsi étouffer les adventices (la "mauvaise herbe"). Quand les plantes sont trop grandes pour que la billoneuse passe par dessus, on passe le butoir dans le sillon, ce qui projette de la terre sur la butte.



Après chaque travail, on passe la sous soleuse dans le sillon pour éviter au maximum le tassement.

Je ne sais pas pour vous mais nous on est vraiment emballés et notre objectif de l'été est de continuer à nous former en traction animale pour le maraîchage et la culture de céréales!

3 commentaires:

  1. Quelle aventure !! Nous avons hate de suivre votre périple agricole!!
    En tout cas la vidéo d'Eloïse dans la serre est collector !!
    Des bisous,
    Régalez-vous bien!
    A très bientôt
    Elo et Djé

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  2. Super cet article ! Au passage voici notre blog

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  3. Article très intéressant; j'ai créé une association humanitaire au Cameroun et fait forer un puits à 45 m de profondeur pour
    manque d'eau dans un village d'agriculteurs ; votre outil pour labourer va les intéresser.

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